jeudi 9 septembre 2021

LA PETITE VOLEUSE DE LA TOUR EIFFEL : la chronique de l'Est Républicain

La Petite Voleuse de la Tour Eiffel a une revanche à prendre

Paris 1904. Un efficace tire-gousset sévit jour après jour sur le parvis de la tour Eiffel. Gênant. Et plus encore lorsque le malandrin escamote une sacoche du Grand Orient… L’inspecteur Jules Dormoy se met en chasse, ignorant qu’il va plonger tout droit dans la fameuse « affaire des fiches » sur le point de déstabiliser la 3e République. Une tendre histoire pittoresque et très divertissante, qui se mêle, en toute liberté de la grande histoire turbulente. 

Jules Dormoy est un drôle de zozo, mais c’est un poulet. En 1904. Un peu rêveur, bien plus futé que la moyenne et l’humanité chevillée au costume trois-pièces. Un gentleman inspecteur en quelque sorte, dont la sagacité est mise à l’épreuve par cette affaire de vide-gousset qui sévit au pied de la tour Eiffel.



Chaque jour en effet, montres et larfeuilles s’échappent comme par enchantement des poches de leurs propriétaires, et les bijoux s’évadent tout aussi lestement des cous et poignets des passantes. Un fier galonné y laisse même sa médaille et ses épaulettes !

 Le filou a du doigté. Et finit même par subtiliser les papiers de l’inspecteur Dormoy. Pire, il parvient à soulager son ami Jean-Baptiste d’une mystérieuse sacoche, marquée à la dorure de l’œil de la providence, symbole du Grand Orient de France…

« Il en va de la survie de la République et même de la stabilité de la France ! », s’alarme Jean-Baptiste en venant requérir l’aide de l’efficace policier, qui se met plus que jamais en chasse.

Ce n’est pourtant pas lui qui mettra la main sur le malandrin, mais le malandrin qui viendra à lui. En l’occurrence une jeune femme à la main vive, aussi malicieuse que fleur-bleue et qui a une importante revanche à prendre sur l’existence. Autrement dit La Petite Voleuse de la Tour Eiffel, qui a donné son titre à cet album.


Elle ignore bien sûr que le butin de la sacoche, placé entre de mauvaises mains, pourrait « menacer la stabilité de la France. » Et pour cause, puisqu’on plonge là… dans la célèbre affaire des fiches. Laquelle a effectivement – c’est inscrit dans l’histoire – provoqué un scandale de tous les diables. Mais ça aurait pu être pire..., nous font valoir Hervé Richez et Jack Manini, les scénaristes de cet album hautement divertissant.

On sait  le Paris de la Belle Epoque très prisé ces derniers temps par les auteurs de BD. Sans doute pour la vision pittoresque que nos mémoires en ont conservées. Mais ce n’est pas tant dans les décors que le dessinateur s’exprime vraiment ici, les personnages ont bien plus à dire. Pittoresques eux aussi à leur façon, ils sont campés avec tendresse,  bonhomie et une bonne dose d’humour.

Un inspecteur qui entretient chez lui tout une ménagerie d’animaux abandonnés (tortue, serpent et chimpanzés compris) ne peut, effectivement, pas être un mauvais bougre.

Ce qui n’empêche pas l’intrigue d’être menée avec sérieux. Certes, suggérer que les déboires sentimentaux d’une demoiselle au cœur tendre puissent avoir joué un rôle majeur dans l’affaire des fiches ne manque pas d’une certaine… audace. Mais la loi des probabilités n’a pas toujours sa place dans une bonne fiction de BD. Une nouvelle loi qu’aura enfreinte notre petite voleuse décidément très compétente…


Par Lysiane GANOUSSE


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire